« Avec la guerre à Gaza, les masques tombent »
Jeudi 12 novembre 2025. Journal de bord de Gaza 112. Rami Abou Jamous
Dans le monde entier, Gaza est devenu un enjeu politique et moral. Des populations se sont mobilisées pour la Palestine, contre la guerre et contre le génocide. Le monde a commencé à se rendre compte de l’ampleur de l’occupation, l’ampleur de l’agressivité de l’armée israélienne et des colons, ce que vivent les Palestiniens — que ce soit à Gaza, en Cisjordanie ou à Jérusalem-Est. Les colons attaquent les gens, annexent des terres agricoles, brûlent les maisons et les oliviers. Cela a toujours été, mais maintenant c’est de plus en plus clair aux yeux du monde.
Rami Abou Jamous : « On a l’impression que parler de Gaza est devenu un fardeau »
Un mois après le « plan de paix » de Donald Trump, le journaliste palestinien appelle les médias à ne pas abandonner Gaza, où les habitants sont entrés dans une phase de « non-vie ».
« Maintenant, on sent qu’on veut refermer le dossier »
Jeudi 6 novembre 2025. Journal de bord de Gaza 111. Rami Abou Jamous Hier, mercredi, c’était le premier jour de Walid au jardin d’enfants. Je n’ai pas eu le choix, Il n’y en a un qui a ouvert dans mon quartier de Rimal sud
PHOTOS: Searching for a ‘trace of home’ in the ruins of northern Gaza
Des quartiers entiers, autrefois grouillants de vie, ne sont plus que ruines et cendres. En proie à l'insécurité, les habitants peinent à envisager l'avenir. (article en anglais)
Plestia Alaqad : le langage des médias occidentaux permet le génocide
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La journaliste palestinienne Plestia Alaqad a été l’un des principaux témoins du génocide à Gaza. Dans un entretien accordé à Jacobin, elle explique comment les fausses représentations des médias occidentaux ont favorisé les crimes commis par Israël.
« On est sortis de la guerre, mais la guerre n’est pas sortie de nous »
Mercredi 29 octobre 2025. Journal de bord de Gaza 110. Rami Abou Jamous Nous avons de la chance. Après le cessez-le-feu annoncé le 9 octobre 2025, nous sommes rentrés chez nous, dans notre appartement de la rue Charles-de-Gaulle. Il était toujours intact. Dans notre quartier de Rimal, quelques tours ont été détruites, mais pas la nôtre. On ne peut pas en dire autant des autres quartiers de Gaza.
Gaza : « La perte la plus difficile à accepter, c’est l’absence d’école »
Avec la quasi-totalité des écoles détruites à Gaza, les enfants palestiniens ont en commun des souvenirs indélébiles, des sentimenst de pertes profondes, mais aussi leur espoir inébranlable d’apprendre.
« On ne sait pas qui est encore en prison et qui est mort »
Mercredi 15 octobre 2025. Journal de bord de Gaza 109. Rami Abou Jamous
Et voilà. Les captifs israéliens ont été libérés après deux ans passés entre les mains du Hamas. Parmi eux, il y a des soldats qui étaient stationnées dans les postes militaires de la périphérie de Gaza. Tout le monde est content.
Carnet de photos d’un journaliste palestinien
La nuit approche de sa fin. Dans un coin silencieux prompt à sa solitude, Saji remonte le fil de son passé, cherchant l’origine de sa première foi. Dehors, le bourdonnement lointain d’un drone veille à ce que le massacre ne tombe pas dans l’oubli, pendant que les habitants du village dorment dans leur pauvres maisons de briques...
Gaza. « Ma vie de Palestinien dans les médias français »
Jadd Hilal est un universitaire et écrivain libano-palestino-français. Dans ce témoignage personnel, il revient sur ce qu’a été son expérience sur des chaînes de télévision françaises après le 7 octobre 2023. Avec ce dilemme : faut-il boycotter et refuser le cadre imposé, ou ne pas laisser la chaise palestinienne vide ?
Deux ans de génocide : la culpabilité avec laquelle nous vivons depuis notre misérable refuge en exil
Chaque jour, lorsque nous regardons les informations, nous remercions Dieu d’avoir survécu au génocide. Et chaque jour, nous le regrettons.
« Je ne voulais pas que Walid apprenne que “Israélien” veut dire la mort, le bombardement, le génocide »
Journal de bord de Gaza 107 - Rami Abou Jamous - Dimanche 5 octobre 2025. Cette fois, je vous écris de Nusseirat, à dix kilomètres au sud de la ville de Gaza. Je vous écris après avoir été obligé de quitter Gaza le 25 septembre.
À Gaza, nous perdons littéralement notre capacité à parler
Les rues de Gaza ne vibrent plus des bruits familiers du quotidien. Depuis le 7 octobre 2023, elles résonnent des bruits de la destruction, suivis d’un silence si profond qu’il paraît presque physique – une absence qui étouffe les mots avant même qu’ils ne puissent se former. Coincés entre les murs écroulés de Gaza, nous vivons dans une tempête où le langage lui-même s’est effondré. En d’autres termes, nous perdons notre capacité à parler.
De Paris à Gaza, « je retiens mon cœur pour qu’il ne se brise pas »
Depuis le 24 septembre, j’attends sur un banc, de 9 heures à 19 heures. J’attends un rendez-vous avec le directeur de cabinet du ministère des Affaires étrangères, pour réclamer la reprise de l’accueil des Gazaouis, gelé depuis le 1er août, et plaider la cause de mon amie, la poétesse Alaa Al-Qatrawi.
Gaza, jour 724 : « Chaque minute, une explosion retentit »
« Pour l’instant, les gens se concentrent sur leur survie », rapporte Tareq Abu Azzoum à propos de la réaction des Palestinien-nes de Gaza quant aux déclarations d’un potentiel cessez-le-feu. Alors que les États-Unis prétendent avoir trouvé la voie d’une « paix éternelle au Moyen-Orient », les journalistes présent-es à Gaza rapportent une recrudescence des attaques israéliennes et une situation plus périlleuse que jamais.
Réjouissance et inquiétude : les Palestiniens réagissent à la reconnaissance de leur État
Nous traduisons ce panel de réactions recueilli par Al Jazeera, témoignant de réactions mitigées à l’annonce de la reconnaissance de la Palestine par plusieurs États dont le France et le Royaume-Uni.
« Reconnaître un État palestinien, c’est reconnaître quelqu’un qui est en train de mourir »
Beaucoup de gens me demandent mon avis, et celui des Palestiniens de Gaza, sur la reconnaissance de l’État palestinien par le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie, puis par la France. L’opinion des Palestiniens de Gaza ? Ils se noient dans la souffrance. Les Gazaouis n’arrivent même pas à sortir leur tête de cette noyade pour comprendre ce qui se passe autour d’eux. Ils ne savent même pas que des pays occidentaux ont reconnu un État palestinien.
Ce qui est chanté ne peut être tué
La musique offre un refuge pour les enfants durant le génocide perpétré par Israël. Par Hazem Alghosain, le 17 septembre 2025 Cela fait trois mois que je n’ai pas écouté de musique. Je n’ai même pas chanté pour moi-même à voix basse, ce que je faisais toujours dans les moments de tristesse.
Gaza ville : devoir choisir entre la mort et l’enfer
Alors que l’armée israélienne poursuit son attaque terrestre dans les principaux quartiers résidentiels de la ville de Gaza, certains habitants affirment qu’ils ne bougeront pas. « Ça ne sert à rien de se battre pour trouver un meilleur endroit en enfer », a déclaré l’un d’entre eux.
« Nous étions sur le point de partir »
Duha Latif est une écrivaine palestinienne de Gaza, dont les textes ont été traduits en français par Clémence Vendryes de Yaani et Marie Turlais. Son travail est disponible sur sa page Instagram et sur sa cagnotte GoFundMe.
L’éducation sous le feu de la guerre
« L’éducation constitue le pilier fondamental de la construction des sociétés et de l’essor des nations. Cependant, ce pilier vital subit à Gaza des coups sévères en raison de la guerre continue, où des milliers de familles vivent sous un déluge de destruction et de peur. Le ciblage des écoles et des infrastructures éducatives a conduit à une paralysie quasi totale du système éducatif traditionnel, privant les enfants de leur droit naturel à apprendre et à grandir dans un environnement sûr. Les effets de la guerre ne s’arrêtent pas aux seuls dégâts matériels et à la destruction des salles de classe, mais s’étendent également aux aspects psychologiques qui pèsent lourdement sur les enfants, lesquels vivent des traumatismes répétés rendant leur retour sur les bancs de l’école extrêmement difficile.
« J’aurais aimé transmettre à mes enfants les souvenirs que mes parents m’ont laissés »
Journal de bord de Gaza 104 Cela fait presque une semaine que l’armée d’occupation nous ordonne de quitter la ville de Gaza. Elle a commencé à l’encercler. Les habitants se concentrent dans l’Ouest de la ville.
Le dernier testament de Gaza
Je suis Gaza. Mon nom n’a pas besoin de bulletin d’information : il est écrit sur les murs effondrés, gravé dans les corps d’enfants, suspendu aux cris des mères et inscrit dans le sang des martyrs. Depuis vingt-trois mois, j’ai été conduite au massacre, écrasée sous le fer et le feu, puis je renais de mes cendres pour rédiger mon testament — non par reddition, mais parce que je sais que je resterai vivante dans les mots, tant que mon nom sera sur toutes les lèvres et dans toutes les langues, et tant que mon sang, qui n’a pas séché, coulera dans la mémoire de la terre.
« La responsabilité n’est pas celle de l’occupant, c’est celle de l’occupé »
Publié le 05 septembre 2025 (orientxxi.info)
Journal de bord de Gaza 104 Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI.
Jeudi 4 septembre 2025. Il y a quelques jours, j’ai reçu un appel téléphonique d’une amie qui vit en France :
Olives pillées, terres confisquées : les agriculteurs de Cisjordanie à bout de souffle
Comme des milliers d'agriculteurs palestiniens, Youssef est confronté à des restrictions croissantes imposées par les forces armées et colons israéliens sur l’accès à ses oliviers. Ainsi, la saison des récoltes d'olives, qui s'étend de septembre à novembre, s’annonce comme une période d'incertitude et de lutte.
J’écris ces mots, les yeux remplis de larmes
Un dimanche matin dont tout le monde pensait qu’il serait un jour comme un autre - le destin, cependant, en avait décidé autrement - je me suis réveillée au son de la voix de ma mère. Elle me dit : « Ma chérie, vas voir Nisrine, elle veut te voir ». Je me sentais heureuse de commencer ma journée avec elle. Je me suis rendue à leur tente et je me suis assise aux côtés de mon amie Nisrine et de ses enfants, comme chaque matin. Comme d’habitude, nous parlions des pâtisseries et des desserts que nous préparerions lorsque la famine prendrait fin - je me sentais toujours apaisée et sereine parmi eux.
« Cette fois, il n’y a pas de plan B »
Le ministère de la guerre israélien a déclaré son intention d’occuper la ville de Gaza, « le dernier bastion du Hamas ». À chaque fois qu’ils occupent une ville, ils disent la même chose : « C’est le dernier bastion. » Ils ont fait ça avec Jabaliya, avec Beit Lahiya, avec Rafah. Et maintenant c’est Gaza-ville. Le problème, c’est que 2,3 millions de Gazaouis vivent déjà dans 20 % de la surface de la bande de Gaza, les 80 % restants étant occupés par l’armée israélienne. Après l’occupation de Gaza-ville, ces 2,3 millions de personnes seront confinées dans seulement 10 % de la surface de l’enclave, c’est-à-dire 35 kilomètres carrés.